On décrit communément l’inflation comme étant l’augmentation générale des prix. Voici une approche monétaire de ce phénomène, et un éclairage sur le rôle du gouvernement dans le processus de perte de valeur de la devise.
Comme tous les autres groupes humains, l’état a des désirs illimités, ou plutôt, la population a des demandes illimitées. En effet, il n’y a aucune limite aux services que les citoyens peuvent demander à leur gouvernement. Les moyens sont à contrario limités, puisque la perception de taxes ne peut être infinie, elle s’arrête lorsque le 100% du revenu de la population est capturé par l’état (dans ce cas, il s’agit d’esclavage).
Pour financer ses activités, l’état commence par lever l’impôt dans une proportion minime, touchant souvent les personnes les plus aisées. Par cette perception, il diminue le standard de vie des populations touchées, ce qui engendre une baisse de consommation à tous les niveaux, aboutissant à un affaiblissement de l’économie et à un appauvrissement général. Le réflexe naturel de la population touchée est de demander au gouvernement la création de nouvelles prestations pour compenser la baisse de niveau de vie.
Pour financer les nouvelles prestations, l’état augmente le taux d’imposition et l’étend à d’autres sphères de la population, ce qui amène une confiscation de richesses encore plus importante. Les citoyens formulent alors de nouvelles demandes de création de services. Le processus se répète ainsi jusqu’à ce que le taux d’imposition atteigne la limite du supportable, c’est alors que le gouvernement commence à s’endetter pour financer les nouvelles prestations.
Puisqu’il entre massivement dans le marché des emprunts, il crée une concurrence déloyale avec les autres intervenants dans l’économie, puisqu’il y a maintenant une proportion plus élevée d’emprunteurs que de prêteurs, ce qui fait baisser les taux d’intérêt. Ceci engendre une baisse de revenus pour les prêteurs, et fait baisser le niveau de prospérité général.
Vivant au-dessus de ses moyens, l’état continue à financer ses activités par la dette. Celle-ci devient alors tellement lourde que les prêteurs commencent à perdre confiance dans la capacité de remboursement du gouvernement. La perte de confiance faisant alors potentiellement augmenter les taux d’intérêt, péjorant ainsi la situation financière de l’organisation publique, c’est maintenant la banque centrale qui entre en scène.
Celle-ci commence à acheter la dette d’état comme garantie de la devise, en créant, de nulle part, des unités monétaires. Comme elle achète la dette dont les autres intervenants ne veulent pas, les taux d’intérêts sont supprimés artificiellement et baissent. Encore une fois, le processus mène à une confiscation de richesse par la diminution du revenu des prêteurs.
Comme la banque centrale a produit de la nouvelle devise, les banques commerciales disposent maintenant de réserves plus importantes, ce qui leur permet de prêter plus et à un taux relativement bon marché. Le marché de l’immobilier est en plein boom, on parle alors d’augmentation des prix de l’immobilier.
En réalité, c’est la devise qui perd de sa valeur, puisque le nombre d’unités monétaires a augmenté, alors que les biens et services sont restés stables dans l’économie. La soi-disant augmentation des prix est en réalité une baisse du pouvoir d’achat de la devise.
Puisque le pouvoir d’achat baisse, la population demande au gouvernement des mesures pour contrôler l’augmentation des prix et des salaires minimaux. Les différentes décisions mènent à un déficit d’impôt (les prix ne pouvant plus augmenter, l’impôt non plus) et à une augmentation du chômage par le salaire minimum. Ces mesures sont bien entendu à nouveau financées par l’endettement de l’état, et au moyen de la « monétisation » par la banque centrale et la production de nouvelle devise.
Les tâches effectuées auparavant pour des salaires inférieurs au salaire minimum sont abandonnées par l’économie privée et doivent par conséquent disparaître, ou être reprises par les services de l’état. Devinez comment cela va être financé ?!
Ce cycle s’auto-perpétue et s’auto-aggrave à l’infini. On assiste alors à une dévaluation infinie de la devise, jusqu’à une perte de confiance totale amenant celle-ci à une valeur perçue de zéro.
On constate donc que la cause du phénomène de l’inflation, si on le considère comme un phénomène monétaire, est due à une augmentation incontrôlée de l’intervention du gouvernement. Celui-ci est dirigé par des humains, animés d’ambitions et de désirs sans limite. A contrario d’une entreprise privée, qui sera toujours limitée par son obligation de produire un bénéfice, l’état, par le biais de la banque centrale, n’a aucun frein naturel à son expansion.
Voici pourquoi les devises sont constamment dévaluées, et perdent leur pouvoir d’achat inexorablement. Si vous souhaitez préserver votre épargne à long terme, fruit de votre travail et de votre temps, il s’agit donc de sortir de la devise, et trouver des solutions alternatives qui ne peuvent être dévaluées par une augmentation des unités monétaires. En d’autres termes, il s’agit d’accumuler des actifs, qui produisent un rendement ou une plus-value.
Au 4ème paragraphe (« Puisqu’il entre massivement dans le marché des emprunts, (l’Etat) crée une concurrence déloyale avec les autres intervenants dans l’économie, puisqu’il y a maintenant une proportion plus élevée d’emprunteurs que de prêteurs, ce qui fait baisser les taux d’intérêt »), il doit y avoir une coquille (corrigée d’ailleurs au paragraphe suivant). L’arrivée de l’Etat sur le marché des fonds prêtables se traduit normalement, en l’absence de l’intervention d’une banque centrale qui pervertirait les mécanismes naturels d’équilibre entre offre et demande, par une hausse des taux d’intérêt. Le triplement du déficit budgétaire en 1981 décidé par une nouveau gouvernement particulièrement visionnaire (ironie) fit la fortune des épargnants. Le premier emprunt Mauroy fut émis à 16% sur 6 ans!
En effet, vous avez raison. J’avais derrière la tête le processus simultané d’achat, par la banque centrale, des titres obligataires d’état. Je vais adopter une plus grande discipline de relecture à l’avenir !
Merci pour cette remarque, salutations.
En effet, vous avez raison. J’avais derrière la tête le processus simultané d’achat, par la banque centrale, des titres obligataires d’état. Je vais adopter une plus grande discipline de relecture à l’avenir !
Merci pour cette remarque, salutations.